GRANDIR DANS LA CAMPAGNE FRIBOURGEOISE PUIS S’EXPATRIER A BONCOURT, C’EST…
Rencontre pétillante avec une dame nonagénaire discrète, dynamique et grand-maman gâteau, Aloysia Maitre. Epouse de Louis Maitre, contemporain de notre précédent portait (Abbé Michel Prêtre).
Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous résumer les grandes étapes de votre vie ?
Je suis née en 1927 à Montévraz, un petit village au pied de la montagne du Cousimbert, dans le canton de Fribourg. 9ème d’une fratrie de 11 enfants, j’ai fréquenté l’école de mon village, avant de quitter ma région natale pour travailler trois ans en tant qu’employée de maison à Berne dans la famille d’un musicien violoncelliste.
En 1940, j’ai découvert pour la première fois le Jura. Je suis venue passer quelques jours de vacances chez mon oncle et ma marraine qui tenaient la ferme de La Locomotive à Boncourt. Par la suite, deux de mes frères et sœurs se sont installés à Boncourt. Lorsque ma sœur, Canisia eut ses enfants, commença mon rôle de baby-sitter ! Je venais périodiquement en séjour dans le Jura tout en continuant mon activité professionnelle à Berne.
Pour quelles raisons vous êtes-vous établie à Boncourt?
A force de venir régulièrement à Boncourt, « en 1952, j’ai fait la connaissance de mon Loulou cordonnier… ». Une année plus tard, le 18 juillet 1953, nous nous sommes mariés civilement à l’ancienne Mairie de Boncourt, puis religieusement en face à l’Eglise Saint-Pierre et Paul. Puis, j’ai tenu le Restaurant de l’Union avec ma belle-maman jusqu’à son décès. Le restaurant a ensuite été transformé en appartements et en cordonnerie, actuellement tenue par mon fils Michel, « Chez Loulou ».
Comment s’est passée votre intégration ?
Je me suis intégrée rapidement par le biais de ma famille, les Wicht (mon nom de jeune fille). Mon mari était un mordu de football, il y avait aussi la société de chant et les fêtes religieuses. Tout au long de l’année, celles-ci étaient des lieux de rencontre et de partages entre les villageois. Ce sont de beaux souvenirs ! Je n’ai jamais fait partie de sociétés au village mais je m’y suis toujours sentie bien. Ayant le contact facile, j’ai fait connaissance la clientèle habituée du restaurant qui venait jouer aux cartes. « Ils avaient tous un sobriquet et moi je croyais que c’était leur nom de famille ! » Dans le canton de Fribourg, les sobriquets n’existent pas. Une fois le bistrot fermé, Loulou n’a jamais voulu que je travaille avec lui à la cordonnerie. Je me suis donc occupée de mes enfants, Annelyse, Josiane et Michel. J’ai effectué des remplacements dans le petit commerce de ma cousine, Gaby Richard, puis tenu par la suite par Madeleine Richard. Quand mes enfants ont quitté le nid, je me suis énormément investie dans la garde de mes six petits-enfants qui ont tous passé beaucoup de temps chez moi. Balades en forêt, répétition des devoirs, pâtisseries, tricots et couture sont des activités que j’ai partagées avec eux.
Et nous, qu’avons-nous retenu de notre échange avec Aloysia Maitre ?
Aloysia Maitre est une dame discrète qui partage volontiers son expérience de vie et ses secrets de longévité … Tour d’horizon de son avis sur la vie actuelle dans la commune de Boncourt.
Un village grandissant
En soixante-cinq ans de vie à Boncourt, j’ai vu le village s’agrandir et se transformer. Des nouveaux quartiers ont vu le jour avec de nouvelles maisons, le centre historique a également subi de belles transformations pour correspondre au monde actuel. Boncourt est un village avec tout ce qu’il faut, commerces de proximité, des infrastructures pour les loisirs et des transports publics pour partir en escapade.
Des seniors fêtés une fois par année
Depuis quelques années, je réponds favorablement à l’invitation de la commune pour la journée des biens-maintenus. Je m’y rends avec ma voisine et une amie. C’est un moment sympathique, mais on y retrouve toujours un peu les mêmes personnes. Toutefois, seule, je ne sais pas si je m’y rendrais…
Un quartier avec des voisins serviables
La vie de quartier est un élément précieux pour moi. Je connais bien mes voisins et je sais qu’en cas de besoin, je peux compter sur eux pour me conduire chez le médecin ou me rendre un service. En ce qui concerne le soin aux personnes âgées de manière plus générale, j’ai la chance d’être autonome et de ne pas avoir besoin de soutien particulier.
Le journal local et les manifestations
Le petit journal créé en partie par ma petite-fille Cécile est une chouette idée ! J’ai eu du plaisir à lire les deux premiers numéros. C’est aussi pour cela que j’ai accepté cette interview… C’est un bon moyen d’être informé et de garder contact avec la vie villageoise. De plus, je participe occasionnellement aux différents concerts ou manifestations en lien avec les loisirs de mes petites-filles.
L’attachement d’Aloysia Maitre pour sa terre d’origine, le canton de Fribourg, reste important. Son abonnement au journal quotidien La Liberté en est un bel exemple. Pas un jour ne passe sans qu’elle le lise. Les traditions culinaires fribourgeoises et jurassiennes font également partie du patrimoine qu’elle transmet avec passion à ses enfants et ses petits-enfants. D’ailleurs, il n’est pas rare de sentir une bonne odeur de bricelets, de pieds de chèvre ou de pains d’anis chez elle.
Lorsque l’on aborde la question de la longévité, vivre dans la même bâtisse que son fils (mais chacun dans son appartement !) est l’un des premiers éléments avancés. C’est une chance et un gage de sécurité… Aloysia Maitre a toujours apprécié travailler de ses mains : couture, tricot, crochet et pâtisseries sont ses passe-temps. Elle ajoute que les marches quotidiennes seule ou accompagnées de sa voisine, ainsi que l’entretien de son intérieur sont des activités qui lui permettent de garder la forme et d’être toujours dans le coup !
Pour terminer cet entretien, Madame Maitre nous glisse une petite astuce florale ! Savez-vous ce qu’il faut faire pour garder les roses coupées plus longtemps ?
Remplacer l’eau que vous mettez dans le vase par de la limonade citron.
CMi et CM